Le monde ancien avait primitivement de Dieu une notion magnifique. Il se le figurait, non point solitaire et comme perdu dans les déserts du ciel, mais bien comme un puissant et vigilant monarque au milieu d’une cour brillante d’innombrables esprits. Le Seigneur des
Esprits, le Seigneur des deux mondes, le Vigilant, le Seigneur des armées, ou plutôt des hiérarchies du ciel, tels sont, entre beaucoup d’autres, les noms sous lesquels la haute antiquité nous présente l’idée de l’Éternel.
Auprès de sa sublime majesté, nous disent les plus anciennes traditions, sont d’abord rangés trois ordres d’esprits supérieurs. Ils sont ses familiers, ses intimes, ceux qu’il veut bien admettre dans ses conseils.
Tout remplis du feu divin qui rayonne sans cesse de celui qui est l’Être des êtres, la source de toute vie, ces esprits de gloire nous sont représentés eux-mêmes comme des flammes vives, comme un feu toujours ardent. On leur a donné le nom de Séraphins, du mot סרף ou שרף, combussit, incendit. « Ce nom, dit l’écrivain qui a le plus savamment parlé des esprits célestes, et dont les siècles postérieurs n’ont souvent fait que commenter les livres (Saint Denis l’Aréopagite) : ce nom indique manifestement leur durable et perpétuel attrait pour les choses divines, l’ardeur, l’intensité, l’impétuosité sainte de leur généreux et invincible élan, et cette force puissante par laquelle ils soulèvent, transfigurent et réforment à leur image les natures subalternes, en les vivifiant, les embrasant des feux dont ils sont eux-mêmes dévorés, et cette chaleur purifiante qui consume toute souillure, et enfin cette active, permanente et inépuisable propriété de recevoir et de communiquer la lumière, de dissiper et d’abolir toute obscurité, toutes ténèbres » (Saint Denis l’Aréopagite).
Au second rang des célestes esprits apparaissent ceux qui sont désignés sous le nom de Chérubins, c’est-à-dire, selon l’interprétation la plus vraisemblable, assistants, êtres privilégiés et rapprochés de Dieu, du mot כרוב, propinquus, adstans (Gesenius, édit. Drach).
« Le nom des Chérubins montre qu’ils sont appelés à connaître et admirer Dieu, à contempler la lumière dans son état originel et la beauté incréée dans ses plus splendides rayonnements; que, participant à la sagesse, ils se façonnent à sa ressemblance, et répandent sans envie sur les essences inférieures le flot des dons merveilleux qu’ils ont reçus (Saint Denis l’Aréopagite). »
Quand au nom de Trônes que l’on a donné au troisième rang des esprits supérieurs, il est particulièrement expressif, et il offre immédiatement à l’esprit l’idée d’un ordre de créatures élevées, en rapport de grande proximité avec la Divinité, dont elles sont le siège d’honneur et comme le support immédiat. « Le nom des nobles et augustes Trônes signifie qu’ils sont complètement affranchis des humiliantes passions de la terre; qu’ils aspirent, dans leur essor sublime et constant, à laisser loin au-dessous d’eux tout ce qui est vil et bas; qu’ils sont unis au Très-Haut de toutes leurs forces avec une admirable fixité; qu’ils reçoivent d’un esprit pur et impassible les douces visites de la Divinité; qu’ils portent Dieu en quelque manière, et s’inclinent avec un frémissement respectueux devant ses saintes communications. »
Une seconde classe d’intelligences célestes se présente après celle que nous venons de contempler. Elle se tient plus loin de la Divinité, elle n’est pas admise au même degré dans la participation à, ses faveurs; et cependant elle occupe une position bien élevée dans l’échelle des êtres. Elle a été désignée par le nom général de Gouverneurs, comme les premiers par celui de Conseillers; elle se compose, comme la première classe, d’un triple rang d’esprits célestes, auxquels on donne les noms de Dominations, de Vertus et de Puissances.
« Ces noms révèlent les propriétés augustes par lesquelles ces êtres supérieurs se rapprochent de la Divinité. Ainsi, le nom des saintes Dominations désigne, je pense, leur spiritualité sublime et affranchie de toute entrave matérielle, et leur autorité à la fois libre et sévère, que ne souille jamais la tyrannie d’aucune vile passion. Car, ne subissant ni la honte d’aucun esclavage ni les conditions d’une dégradante chute, ces nobles intelligences ne sont tourmentées que du besoin insatiable de posséder Celui qui est la Domination essentielle et l’origine de toute domination; elles se façonnent elles-mêmes et façonnent les esprits subalternes à la divine ressemblance; méprisant toutes choses vaines, elles tournent leur activité vers l’Être Véritable, et entrent en participation de son éternelle et sainte principauté. »
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